Comment le projet Discovery d'EVE Online a poussé un demi-million de joueurs à aider la science

Pour ceux en dehors de sa communauté tentaculaire et virtuelle de commerçants, de combattants et Papes de l'espace ,EVE en lignepeut sembler un enchevêtrement incompréhensible. C'est le jeu en ligne, après tout, qui a permis à un avocat d'affaires pour se réinventer comme un tyran intergalactique . C'est le jeu où les frontières entre les batailles réelles et fictives se brouillent fréquemment . Il s'agit d'un jeu avec des empires invisibles construits dans des centres de serveurs distants, peuplés d'un demi-million de joueurs sur Internet.

Mais c'est aussi le jeu où des progrès scientifiques réels peuvent être réalisés dans les plis du gameplay. Un coin de laEVE en lignel'univers est Découverte de projet : une initiative qui a débuté il y a environ trois ans, lorsqu'un physicien et un ingénieur en logiciel ont réfléchi au potentiel des jeux vidéo en tant que force de bien-être social. Et si les actions d'un joueur n'étaient pas utilisées uniquement pour l'avancement dans le jeu, mais se répercutaient dans les laboratoires et les revues à comité de lecture ?

Genève, 2014 : le chercheur universitaire Bernard Revaz et l'informaticien Attila Szantner se retrouvent autour d'un verre. À la fin de l'année, ils ont formé Science en ligne massivement multijoueur (MMOS), une entreprise qui sert de fil conducteur entre les scientifiques et les développeurs de jeux. En 2016, ils ont lancé Project Discovery en collaboration avecEVE en ligne; une poche spéciale de cette vaste communauté où les joueurs se voient confier des tâches par cœur, mais avec des implications réelles pour la recherche scientifique.

Les concepteurs de jeux relèvent le défi de savoir comment impliquer les joueurs dans des tâches assez répétitives, me dit Szantner dans un bar d'hôtel à Londres, le matin même où il doit recevoir un Lovie Award pour son travail avec Project Discovery. Dans de nombreux jeux, ce que vous faites, c'est répéter la même tâche encore et encore, et vous l'appréciez. En science citoyenne, nous avons la même configuration. Nous devons analyser des données et faisons essentiellement les mêmes choses des centaines de milliers de fois.

Le premier objectif de Project Discovery était de régnerVEILLE's environ un demi-million de joueurs pour aider avec l'Atlas des protéines humaines (HPA), un programme basé en Suède pour cartographier toutes les protéines dans les cellules humaines. Le mini-jeu consistait à passer au crible environ 250 000 images microscopiques de la base de données HPA, les joueurs identifiant et cataloguant différentes structures cellulaires, du noyau aux mitochondries. Lorsqu'un nombre suffisant de joueurs se sont mis d'accord sur une image spécifique, celle-ci a été transmise aux chercheurs derrière le HPA.

Les humains sont connus pour être doués pour la reconnaissance visuelle des formes

Les humains sont connus pour être doués pour la reconnaissance visuelle des formes, explique Emma Lundberg, directrice du Cell Atlas de la HPA. Nous passons beaucoup de temps à classer les motifs d'image, et c'était intrigant de voir si nous pouvions utiliser des joueurs pour la même tâche. De nombreux chercheurs adorent le concept, mais n'y croiront pas pleinement tant qu'ils n'auront pas vu qu'il est possible d'obtenir des données de haute qualité.

(Ci-dessus : mini-jeu de classification des cellules de Project Discovery. Crédit : EVE Online)

Szantner m'a dit que son équipe voulait proposer un ensemble de tâches suffisamment simples pour que le joueur ne s'enlise pas dans des connaissances spécialisées, et qui sonnent avec l'histoire du jeu au sens large.EVE en ligneLes créateurs de , le studio CCP basé à Reykjavík, ont ajouté un habillage narratif aux tâches de découverte du projet et ont offert des récompenses dans le jeu pour avoir participé à l'initiative. Ce que l'équipe a découvert, cependant, c'est que les joueurs étaient plus intéressés à contribuer à la recherche scientifique qu'à accumuler des points.

Il y avait une devise spéciale introduite dans le jeu pour Project Discovery, et nous avons vu que beaucoup de gens ne la dépensaient pas, dit Szantner. Ils le faisaient simplement parce qu'ils voulaient contribuer. De loin, la motivation la plus forte est d'aider la science.

Planètes et régions frontalières

Depuis juillet 2017, Project Discovery est passé à sa deuxième étape. Au lieu de cartographier les protéines, on demande maintenant aux joueurs d'aider le rechercher des planètes en dehors de notre système solaire (exoplanètes). L'initiative a collaboré avec le professeur Michel Mayor qui, avec Didier Queloz en 1995, a découvert la première exoplanète en orbite autour d'une étoile semblable au soleil. Avec le soutien de Mayor, Project Discovery a fourni aux joueurs les données astronomiques du télescope CoRoT, les encourageant à catégoriser les planètes potentielles.

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Cela se traduit par un mini-jeu dans lequel les joueurs reçoivent des graphiques représentant la luminosité de l'une des 160 000 étoiles surveillées par le télescope CoRoT. Lorsqu'un corps – une exoplanète potentielle – passe devant l'étoile, la lumière baisse. Les joueurs sont invités à identifier ces creux dans une période donnée ; informations qui peuvent suggérer la taille, la distance et l'orbite d'une planète. Tout comme l'initiative Human Protein Atlas, lorsqu'un nombre suffisant de joueurs s'accorde sur une classification, elle est remise aux scientifiques – cette fois à l'Université de Genève.

(Ci-dessus : Michel Mayor réel et en jeu. Crédit : ESO/Project Discovery)

La chasse aux exoplanètes du Project Discovery est toujours en cours, mais où Szantner voit-il le travail de MMOS avec la science citoyenne des jeux vidéo aller ensuite ? Il me dit qu'EVE était un match parfait pour l'analyse de données de crowdsourcing, et une victoire facile en raison de l'enthousiasme général de la communauté pour le progrès scientifique, mais il teste également l'eau pour un type de collaboration très différent.

Il y a une société dont je peux parler : Gearbox, dit-il.Frontièresest leur plus gros titre. Randy Pitchford, président et fondateur de Gearbox, est un grand fan de tout ce concept. Il est très déterminé à intégrer cela dans l'un de leurs titres. Cela m'intéresse vraiment parce que c'est un public et un genre de jeu complètement différents. Ce sont des gars très créatifs et intelligents, donc je suis absolument certain que s'ils disent oui, alors ils le feront d'une manière qui correspond à leur jeu.

C'est une chose d'intégrer la science citoyenne dans un MMO spatial, mais une autre chose de la coudre dans le tissu d'un jeu de tir à la première personne. Des jeux comme GlitchersQuête du héros des mersont montré qu'il était possible de faire correspondre la navigation et le combat avec des recherches dans le monde réel - dans ce cas, une étude sur la démence - mais il s'agit généralement de petits jeux construits autour d'un objectif spécifique. Comment un développeur aborderait-il un jeu plus important commeFrontières?

Voir Ross 128 b: Il y a un autre monde possiblement habitable à notre porte galactique Les Lovie Awards honorent les scientifiques d'Eve Online et l'inventeur de la webcam L'IA rêveuse à la recherche d'atmosphères d'exoplanètes

Nous sommes indépendants du sujet, dit Szantner. Nous sommes indépendants des plates-formes et des jeux. Je pense que cela pourrait être intégré dans de nombreux types de jeux, avec de nombreux projets de recherche différents. Repérer des animaux dans le Serengeti n'est probablement pas un bon choix pourVEILLE, mais vous pouvez le mettre dans un autre jeu.

Je demande à Szantner s'il est également possible d'utiliser ce type d'approche en dehors de la recherche scientifique. Les jeux vidéo pourraient-ils aider, par exemple, à résoudre des problèmes immédiats tels que les secours en cas de catastrophe ? C'est un concept, mais vous pourriez imaginer un jeu comme Call of Duty où vous avez pour mission de bombarder certaines bases militaires, puis vous obtenez de vraies images de bâtiments détruits par un tremblement de terre, suggère-t-il, expliquant que l'élément de recherche pourrait impliquer l'identification d'objets dans ces images réelles.

C'est vraiment controversé, mais si vous sauvez des vies… Est-ce qu'un jeu de guerre pourrait même contribuer à ce genre de choses ?

Un jeu de guerre pourrait-il même contribuer à ce genre de choses ?

Il y a clairement un élément de disparité tonale ici, et Szantner admet que son idée improvisée vient avec une foule de problèmes éthiques et moraux. Mais il est toujours catégorique sur le fait que les jeux ont la possibilité de générer de l'aide : si nous pouvons montrer que cela peut également être utilisé pour sauver des vies, je pense que c'est magnifique.

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(Ci-dessus : mini-jeu de chasse aux exoplanètes de Project Discovery. Crédit : EVE Online)

Pour l'instant, au moins, le point de rencontre entre les mondes du jeu vidéo et le progrès humain est ancré dans la science citoyenne, et même cela est une relation naissante. Les résultats de Project Discovery et de la collaboration Cell Atlas de HPA sont toujours en cours d'examen, Lundberg anticipant la publication d'un article qui examine le succès de la catégorisation basée sur les joueurs par rapport à l'analyse d'images basée sur l'IA. La publication d'articles comme celui-ci pourrait jeter les bases d'une nouvelle conception de la science citoyenne, mais aussi d'une nouvelle idée de ce que peuvent être les jeux vidéo.

Dans notre article, nous démontrons que les humains et l'IA sont bons dans des domaines différents, me dit-elle. Je pense qu'avec une conception de jeu intelligente et une intégration directe des résultats des joueurs dans l'apprentissage automatique, les futurs projets de science citoyenne devraient apporter une grande contribution aux grands projets scientifiques.

Correction : L'article original indiquait que le premier jeu du projet Discovery impliquait 13 millions d'images microscopiques. Cela a été modifié pour refléter le fait que le jeu impliquait en réalité 250 000 images, choisies dans la base de données Human Protein Atlas de 13 millions d'images.